Viva Tailor Swift

La chanteuse la mieux payée au monde, Taylor Swift, a menacé ce week-end de boycotter le nouveau service de streaming musical d’Apple. La marque à la pomme a rapidement opéré les changements qu’elle demandait. C’est l’histoire d’une jeune femme de 25 ans qui a fait plier, dimanche 21 juin, Apple, la multinationale la plus riche du monde. Il ne s’agit pas de n’importe quelle femme, mais de Taylor Swift, l’une des artistes les plus puissantes du moment. Et elle vient encore de démontrer sa force de frappe. La chanteuse la mieux payée actuellement a poussé la marque à la pomme à changer son fusil d’épaule concernant le lancement de son service d’écoute de musique en ligne, Apple Music. Son arme : une lettre ouverte accompagnée d’une menace de boycott. Taylor Swift a annoncé, dans un billet de blog intitulé "To Apple, love Taylor" (Pour Apple, avec amour, Taylor) publié sur Tumblr ce week-end, qu’elle refusait que son nouvel album "1989" fasse partie du catalogue de lancement du service de streaming Apple Music. Elle tenait ainsi à manifester son désaccord avec l’offre de découverte qui permet aux internautes d’utiliser Apple Music gratuitement pendant trois mois. "Nous ne vous demandons pas des iPhone gratuits. Ne nous demandez pas de vous fournir notre musique sans être rémunérés", a-t-elle écrit sur son blog suivi par 60 millions de fans. Car Apple comptait, pendant les trois mois d’essai gratuit, ne pas verser un centime aux artistes, maisons de production et autres. Certes, ce ne sont pas trois petits mois sans rien recevoir d’Apple qui vont faire mal à celle qui a touché 40 millions de dollars en 2014. Elle assure avoir agi pour tous les petits artistes qui "n’osent" pas s’élever contre l’injustice du modèle proposé par la marque à la pomme. Sa voix a donc été entendue. Eddy Cue, responsable des services chez Apple, a annoncé sur Twitter que la multinationale allait rémunérer les artistes, même pendant la période d’essai. "Apple s’assurera toujours que les artistes soient payés", a-t-il ajouté. La marque à la pomme ne pouvait, en effet, pas se permettre de ne pas réagir. La critique de Taylor Swift écornait l’image qu’Apple cherche à se donner : incarner le service qui prend le mieux en compte les intérêts des artistes. Dans un environnement très concurrentiel - face à Spotify, Deezer ou encore Google Music -, le géant californien a besoin de se faire passer pour l’ami des musiciens afin de s’assurer de leur soutien pour devenir le prochain roi du streaming musical. Apple pensait pourtant en avoir fait suffisamment pour plaire à Taylor Swift en ne proposant que des formules payantes. L’influente chanteuse s’est, en effet, élevée contre le modèle gratuit subventionné par la publicité qui a fait le succès, notamment, de Spotify (qui propose aussi des abonnements payants). Elle avait décidé, en novembre dernier, d’enlever l’intégralité de son répertoire du leader actuel des plateformes de streaming, jugeant que ce modèle ne garantissait pas des revenus suffisants pour les musiciens. Les responsables de Spotify ont regretté la décision de Taylor Swift, mais n’ont pas, pour autant, abandonné leur formule gratuite. Mais qu’importe, en fait, qu’elle ait échoué, comme face à Spotify, ou réussi à imposer son point de vue à Apple. Taylor Swift a réussi à se faire passer pour le principal avocat des labels et artistes indépendants et à s’imposer face aux stars de la Silicon Valley.